L’exploration spatiale
Envoyer des engins et des hommes dans l’espace est une idée ayant germé, dans les esprits des auteurs de science-fiction, bien avant que nous soyons avec les capacités technologiques de le faire. De fait, depuis le milieu du XXème siècle, le développement technologique croissant a permis de faire décoller des objets du sol terrestre, puis des hommes, vers des cieux lointains. Les prémices de la conquête spatiale sont posées : le premier satellite envoyé en vol orbital en 1957 (Spoutnik 1), le premier vol habité par un homme en 1961 (Youri Gagarine), le premier pas sur la Lune en 1969 (Neil Armstrong). Jusqu’aujourd’hui, le nombre d’envois spatiaux n’a pas décru : l’atterrisseur de la NASA de la mission InSight s’est posée sur le sol martien le 26 novembre 2018, après près de 500 millions de kilomètres parcourus. Cette sonde aura pour objectif d’étudier la structure interne de la planète Mars, grâce notamment à des dispositifs fournis par le Centre national d’études spatiales (CNES).
Malheureusement, l’enthousiasme reste tout de même modéré au sein de la population quand il s’agit de la conquête spatiale, et ce principalement dû aux coûts exorbitants des voyages spaciaux. En effet, la station spatiale internationale (ISS), en comptant depuis ses débuts, chiffrait sa facture à plus de 100 milliards de dollars en 2012. Un voyage sur la lune coûterait 250 milliards de dollars [1]. Bref, envoyer des objets et des hommes dans l’espace se compte en milliards, voire centaines de milliards de dollars. A ce titre, les citoyens d’un pays investissant dans des programmes spatiaux sont en droit de se demander à quoi sert tout cet argent tant gaspillé pour aller dans l’espace quand des besoins plus nécessaires se font ressentir sur Terre. Il est donc tout aussi légitime de répondre à cette question.
La recherche sans gravité… ou presque
Le développement actuel du spatial est avant tout motivé par une chose : la science. Pour la servir, l’espace est un terrain très propice à de nombreux domaines de recherche. L’ISS abrite à son bord un grand complexe de recherche scientifique permettant d’entreprendre des expériences dans des conditions de très faible gravité. En 5 ans, ce sont près de 400 publications scientifiques, rien que pour la France, qui proviennent en partie d’études spatiales.
Ainsi, il est possible d’étudier les mécanismes du vivant en apesanteur à bord de l’ISS : développement humain, végétal, microbien… Ces études permettent également d’approfondir les connaissances en physiologie médicale, notamment en mettant en lumière les conséquences d’une exposition d’un corps à une microgravité [2]. Des réponses sont également apportées sur les questions du diabète, de l’ostéoporose, notamment en étudiant l’effet de la gravité sur le métabolisme cellulaire.
Dans ce type d’environnement (en apesanteur), le fait de s’affranchir des conditions terrestres de gravité permet d’effectuer certaines réactions chimiques et d’étudier les propriétés de la matière dans le domaine de la physique des fluides, des solides, des matériaux, etc. Ainsi, les connaissances développées aboutissent à des applications concrètes dans la vie quotidienne, comme la conception de composants électroniques (ordinateur, smartphone…). De plus, le simple fait d’avoir appris à envoyer des vaisseaux dans l’espace a permis de faire de nombreux progrès dans divers domaines scientifiques.
Comprendre la Terre… ailleurs que sur Terre
L’envoi de sondes spatiales à travers le système solaire a non seulement pour but d’étudier plus en détails les environnements extraterrestres, pour servir la recherche exobiologique et astrophysique, mais également pour tenter de répondre à des questions assez fondamentales sur la vie biologique.
Mars a connu jusqu’à aujourd’hui 9 atterrisseurs et Rovers avec des objectifs précis : étudier la chimie, la géologie et l’éventuelle biologie de la planète rouge. Plus que pour simplement caractériser la planète, un des buts est de remonter aux origines de la vie et aux raisons de sa disparition ; ces réponses permettraient d’apporter des éclaircissements sur comment la vie est apparue sur Terre, et comment elle pourrait disparaître – en excluant le scénario anthropique.
Au profit de l’humanité
Il reste encore bien d’autres progrès et utilités imputables à la recherche spatiale : télécommunication, énergie, environnement, effets des rayonnements … Par exemple, les recherches sur l’exposition de l’homme aux radiations ont permis de conclure sur le danger des mammographies répétées et plus généralement sur l’effet des radiothérapies. Les progrès qui en émanent ont bien des répercussions sur la vie de l’homme [3]. Quant au coût engendré par la conquête spatial, le contribuable finance un an de recherche spatiale en ne donnant que l’équivalent du prix d’un litre d’essence. En faisant le plein, il aura financé l’équivalent d’un demi-siècle de recherche spatiale, c’est-à-dire autant pour envoyer le premier homme sur Mars.
Comme disait Zola, la science n’a pas promis le bonheur mais la vérité, la question sera de savoir si l’on fera jamais du bonheur avec la vérité.
[1] https://www.franceculture.fr/sciences/recherche-spatiale-des-couts-astronomiques
[2] https://www.theses.fr/2015TOUR3307
[3] Voir aussi : Cité des Sciences – Quel bilan scientifique pour la station spatiale internationale ?
Par Omar El Hamoui – Membre du réseau de l’AFNEUS et ancien 1er Vice-Président