Jeunes & Sciences… & Société #5 : La face cachée des parasites

Saviez-vous qu’il était possible qu’un parasite remplace totalement (et fonctionnellement) un organe de l’espèce qu’il parasite ? C’est le cas du crustacé parasite Cymothoa exigua, qui est capable de remplacer la langue de plusieurs familles de poisson (même la famille de Némo !), en grignotant et en aspirant progressivement le sang de leur langue jusqu’à être capable de se fixer sur le moignon de langue atrophié restant. À ce stade, il est capable de se substituer, comme si de rien n’était ou presque, à la langue du poisson. Ce dernier n’en souffre pas, hormis pendant la phase où le parasite absorbe le sang destiné pour l’irrigation de cet organe, ce qui rend ce parasitage encore plus particulier. En effet, ce dernier n’est pas intéressé par la nourriture du poisson mais par le mucus qu’il sécrète naturellement, permettant au poisson de vivre presque normalement, alors qu’un autre être vivant remplace entièrement sa langue [1].

Il existe d’autres types de parasitisme encore plus inquiétants que celui-ci qui pourraient tout à fait être au coeur du scénario d’un film de science-fiction…

A titre d’exemple, le nématomorphe Spinochordodes tellinii,  une fois dans le corps de son hôte, pousse ce dernier à se suicider dans une étendue d’eau, afin de pouvoir disperser ses larves et trouver une nouvelle victime à parasiter. Ce ver infecte seulement les criquets et les sauterelles au moment où ces derniers vont boire : ils ne se rendent pas compte mais le mal est fait et des larves ont été ingérées. À partir de ce moment là, les larves vont évoluer et devenir des vers capables de prendre le contrôle de l’insecte via des mécanismes chimiques encore incompris. Ces derniers sont effectivement capables de forcer leur hôte à plonger dans une étendue d’eau, entraînant à terme sa noyade. Ce qui est particulièrement déroutant dans ce parasitisme, c’est que l’insecte parasité semble résister à son agresseur sans réussir à le vaincre jusqu’au saut final. De plus, la noyade n’est pas ce qui tue l’animal mais plutôt le fait qu’un ver de plusieurs dizaines de centimètres sortent brusquement de leur abdomen… [2]

Je sais que votre curiosité morbide vous pousse à vouloir en savoir plus sur les parasites capables de transformer leurs hôtes en zombie… C’est le cas du ver plat Dicrocoelium dendriticum qui lui, n’a pas une ni deux mais trois espèces à parasiter avant de finir son cycle reproductif. Son histoire commence dans les excréments du mouton où un escargot va venir s’y délecter pour son repas hebdomadaire. Le ver, encore sous forme d’oeuf,  va utiliser l’escargot pour grandir et évoluer en cercaire. Le système immunitaire de l’escargot lui étant trop peu permissif, les cercaires vont être expulsés au sein d’une bille de mucus. C’est à partir de là que les choses se compliquent. Une fourmi vient à son tour se délecter de cette bille de mucus. À ce moment là, elle sonne son arrêt de mort. Les cercaires vont évoluer à nouveau et venir infester le système nerveux de la fourmi avec un seul but : retourner dans l’intestin d’un mouton. Pour cela, le ver va obliger la fourmi à sortir la nuit et surtout, va l’obliger à contracter ses mandibules de manière tétanique pour qu’elle monte sur un brin d’herbe et n’y bouge plus jusqu’à se faire manger en même temps que le brin d’herbe par un mouton. Le cycle du ver recommence ainsi indéfiniment. Cela change de l’idée de “L’Histoire et le cycle de la vie” qu’un certain Disney nous a inculqué… [3]

Ce ver n’est pas le seul à parasiter les fourmis (à croire que ces pauvres petits insectes sont particulièrement vulnérables…), il est en compétition avec un champignon connu sous le petit nom de Ophiocordyceps unilateralis. Ce champignon infecte une fourmi et va également être capable de contrôler son système nerveux pour obliger la fourmi à quitter la fourmilière et à aller dans des endroits propices au développement du champignon : humide et chaud. Une fois l’endroit parfait trouvé par le champignon, la fourmi plante ses mandibules dans la “veine” d’une feuille pour permettre au champignon d’avoir les nutriments végétaux nécessaires. Au bout d’une dizaine de jours sans bouger, la structure crânienne de la fourmi rompt pour laisser sortir les nouveaux champignons formés… Il est rassurant de savoir que plusieurs scénarios de jeux vidéos et films sur les zombies se sont inspirés de ce parasitisme pour imaginer la propagation chez l’être humain [4].

Vous pensiez que c’était tout ? Non, cela peut encore aller plus loin : certains parasites arrivent même à déclencher un syndrome de Stockholm chez les hôtes qu’ils infectent en les obligeant à élever leurs progéniture. C’est le cas de la sacculine ou Sacculina carcini qui est capable de prendre le contrôle d’un crabe allant jusqu’à l’obliger à s’occuper de sa progéniture comme si c’était la sienne. La sacculine va intégrer son hôte en passant par une articulation ou à un défaut de la carapace et va former une sorte de sac sous l’abdomen du crustacé. De longs filaments vont envahir les organes du crabe pour absorber et faire dériver les nutriments vers le sac principal. Après  la “reproduction” entre deux sacculines et au moment de la naissance, le crabe, qui ne possède alors plus aucune caractéristique d’un crabe (il ne mue plus, ne peut plus se reproduire ni régénérer ses membres perdus), va monter sur un rocher pour pondre les larves de la sacculine et s’en occuper jusqu’à ce que celles-ci puissent aller infecter un autre hôte [5].

Tous les parasites cités ici ne concernent pas l’être humain, cependant beaucoup de maladies humaines sont causées par la présence d’un parasite (ou plusieurs centaines) dans notre corps. C’est le cas de la gale, où les parasites au doux nom de sarcopte creusent des galeries sous votre peau pour y pondre des oeufs, ce qui crée les fameuses démangeaisons. C’est également le cas du ténia, maladie bien connue pour son ver blanc assimilant tout ce que vous mangez (il a même existé un régime qui consistait à avaler un ténia pour pouvoir ensuite manger sans prendre aucun gramme : à ne pas réaliser chez vous bien sûr !). Ou bien encore la maladie du ver de Guinée, déclenchée par un absorption d’eau mal filtrée et où, à terme, le ver décide de sortir tant bien que mal par une de vos extrémités.

Que ce soit des parasites animaliers ou humains, il en existe encore tout un tas : à vous de voir jusqu’où votre curiosité peut vous mener ! 

Définitions 

Parasitisme : État d’un organisme qui vit aux dépens d’un organisme d’une autre espèce, que l’on appelle l’hôte.

Cercaires : Larve de parasites qui vit dans un hôte intermédiaire.


Pour en savoir plus : 

[1] Source 1 ; Source 2

[2] Source 1 ; Source 2

[3] Source 1 ; Source 2

[4] Source 1

[5] Source 1

Ecrit par Mathilde BOUCHET